mercredi 10 juin 2009

Novembre


Ces soirées de pluie,
Malheur rassurant, on les aime,
On n'a pas le sourire mais on est rassurés d'être à l'intérieur et les larmes aux yeux ;
On perd l'enthousiasme et alors tout va bien,
Sans le sourire on imagine, sans le sourire on y croit bien peu,
Défaite, se disant qu'il n'y a qu'elle, Défaite ;
Et quoi d'autre ?

Il y a bien entendu le petit bruit des gouttes contre la vitre,
Le frais quand on approche sa main un peu plus près du dehors,
Ce monde sauvage,
Alors on pleut, on pleut des cordes puisque l'extérieur est aussi triste que nous,
On pleut parce que rien ne s'envole ni gouttes ni âmes,
Rien ne va et c'est normal, d'ailleurs on n'y pense même pas
Au soleil à la lune qui les a vu, qui les voit ?
On n'y pense même pas il fait sombre, il pleut et c'est normal,
Et les larmes aux yeux c'est normal, c'est juste dans le ton, dans le temps
De cette musique, et il y a bien entendu
Nos doigts tapant sur le clavier comme pour imiter les gouttes
Les tapeurs de vitres et tapeurs de mots,
Car il n'y a que le rythme, celui de la tristesse évidente et des espoirs forcément déçus
Et quand une lumière apparaît ce n'est sans doute qu'un leurre
Car finalement c'est tellement plus simple alors si simple
Rester un peu désespéré
Ca nous donne une excuse et la vie,
Cette faucheuse de rêves, on l'oublie ;
Et puis il y a bien entendu, tous ces cliquetis excitants,
Et qui ne s'arrêtent plus et qui ne s'arrêtent plus,
Qui suivent nos pensées plus vite que la raison, la raison
Où est-elle encore passée celle-là ?

La raison de mon impatience, la raison de ton inconstance, la raison de son départ et celle de son arrivée ; La justice
Qui ne justifie rien
La justice et le temps :
Car tous les vivants naissent, meurent, pleurent
Sauf ceux qui n'ont pas le temps de pleurer
Et bien entendu, ceux qui n'ont pas entendu les gouttes
Les gouttes tapant contre la vitre, ceux-là
Qui ne pleurent pas

Et la musique entrainante de la tristesse coutumière
Elle revient ; elle finit toujours ici celle-là
La tristesse coutumière
Celle des soirs de Novembre,
Novembre, cet envahisseur,
Le voilà en janvier le voilà en septembre,
Le voilà en avril et en mai et en juin,
Bientôt on verra Novembre en été,
Novembre va où il veut, il a sans doute
La carte Navigo 6 zones, la boite de vitesse de Pandore,
Et les bottes de sept lieues,
Et Novembre est si peu ;

Si peu d'arrêter d'écrire, si peu
Si peu d'arrêter de lire,
Et de boire et de vivre et de rêver enfin,
Si peu de s'arrêter un instant,
Si peu de s'évanouir,

Et je cherche Novembre et où est-il passé,
Et je cherche à enfin à nouveau
Désespérer

Aucun commentaire: